PRESSE

En 1977, Hervé Guibert écrit dans Le Monde : « Il y a beaucoup à lire dans ces visages. La résignation, l’envie, la soumission, la peur d’une vie de qualité, mais aussi le plaisir de la séance de pose, de l’évasion sociale procurée par cette sorte de mascarade. (…) Toutes ses photos d’ailleurs très belles ne font pas rire. Certaines ont l’émotion de drames sous-jacents. Pour une fois, le photographe n’a pas demandé de sourire. Derrière la céramique de la façade de sa boutique fumaient les grandes cheminées. »
En 1991, Danièle Gillemon écrit dans Le Soir : « En ce temps là, se faire photographier avait rang d’événement, certains corps au milieu de leurs accessoires surprenants, trahissent solitude, fragilité, poids de l’éducation et du milieu, tous thèmes sociologiques qui seront le fait, plus tard, des grands photographes modernes. »
Brigitte Ollier écrit dans Libération : « Loin de gommer le théâtre factice de son studio, il le valorise, le transforme en un espace unique de rêve, de vie imaginaire (…). Bouts de vie que l’on découvre aujourd’hui sur papier, procession de visages unis dans une éphémère gravité, entre bal costumé et cortège nuptial. Il y a là les enfants de Dickens et de la comtesse de Ségur, des voyous et des sportifs, des accordéonistes et des couturières, et cette façon incroyable qu’ils ont de se prendre la main, d’esquisser un pas de danse, ou de mimer un combat de boxe… Ghisoland, c’est top niveau. »
En 2002, Alain D’Hooghe écrit dans la revue Vu d’ici : « Considérée dans son ensemble, riche de ses multiples composantes, l’œuvre de Norbert Ghisoland donne à voir un groupe humain fort de ses joies et de ses peines, de sa grandeur comme de ses travers. Ce que nous ne voyons pas, il nous appartient de l’imaginer à partir de nos propres expériences, de nos propres souvenirs. »
En 2003, Gilles Renault écrit dans Libération : « Quelques kilomètres séparent le lieu où Ghisoland vit le jour de celui où il poussa son dernier soupir, soixante et une années d’un éloge du sédentarisme circonscrit dans une maison qui fit à la fois office de domicile, de magasin, de chambre noire et de studio. Une constance qui fait sens, au vu de la somme ethnographique que constitue cette collection.»
En 2011, Christian Caujolle écrit dans la revue Internazionale : « On ne peut que s’émouvoir de ce qui eût pu advenir et du risque de disparition totale du fonds, comme cela a été le cas pour maintes archives de studio qui, même si elles étaient loin de l’exceptionnelle qualité de celles de Ghisoland, ont bien souvent fini à la décharge. (…) Les portraits de Ghisoland ont ceci de singulier qu’ils s’inscrivent dans le cadre d’un travail artisanal, commercial, professionnel sans prétention artistique et que, malgré tout, ils s’imposent à nous bien au delà des conventions de pose, de lumière et de dispositif récurrents dans le genre. Ici, ce qui nous frappe d’abord, ce sont les individus, une population qui n’a généralement pas sa place dans ce décor car elle appartient à un prolétariat qui prend maladroitement la pose, éprouve de la gêne, ne sourit pas, ou difficilement. La dureté de l’extérieur pénètre dans le studio. C’est dans les portraits d’identité que l’on note le plus fortement cette situation, cette douleur intérieure associée à une dignité. Il y a des gueules, incontestablement, des visages forts, mais il y a aussi, dans les regards, dans de légères crispations, du désarroi. Et c’est cela qui nous touche profondément. »



2011 sur Arte

2012 Strasbourg